10.05.2012

/ 5 octobre 2012 - avec Anne Savelli


Et - Oloé de Saint-Brieuc


Il y a cette ville en vallées, en montées, en pavés et en pierres.

Il y a le temps qui change, nuages du déluge et pourtant soleil clair : passant je brouillerai les pistes,  les pavés sont des cartes et les cartes se déchirent, il vaudrait mieux pour toi oublier le retour, passant je te le dis tu crois trouver le centre, traverses la forêt et c'est presque la mer et c'est déjà la dune ou alors tu l'inventes, la mer est un oiseau au-dessus de ta tête. 

Ton chant te guide, te perds. 

Il y a ceux qu'on rencontre et l'envie de bien faire, silence de l'atelier dans lequel ils écrivent tandis que par la ville et la vitre striées je rêve - et la flèche tordue sur la pointe du toit, ballons et cris et cloches de la cour à midi les voilà qui s'invitent, comme si ce temps-là revenait par bouffées, de l'enfance inventée il faudrait se méfier peut-être.

Il y a celui à qui écrire sans toujours envoyer la lettre.

Il y a ce sentiment d'être à sa juste place quand ce présent si juste est déjà du passé – je suis déjà ailleurs phrase qui toujours me guide.

Il y a le rayon G de la bibliothèque, Romans G c'est écrit. Dans l'angle une table une chaise et deux  volets fermés. Dans le dos, les livres des auteurs dont le nom commence par un G, dont je ne connais pas les deux tiers. Une femme geint. Au raclement de gorge je comprends qu'elle est vieille. Elle marmonne, je ne sais que voir d'elle, un rectangle de laine entre deux étagères. Gilet gris comme en rêve.
Toujours le même rêve, en dérivé léger.

Rayon G c'est Genevoix, et Gens de Bretagne, Genet non. Côté gémissements Le Roman de la momie ou encore L'Intranquille, un récit de Gérard Garouste. Au hasard, je l'ouvre – ce n'est pas un hasard, mais une page cornée. Il parle des décors qu'il a peints au Palace, de la peur de se perdre. Puis j'essaie Le Parloir, roman. C'est celui de Fleury. La colère commence à gronder.

Le G danse. Je m'en vais. G comme Louis Guilloux, quand même.

Dans un  mouvement semblable la femme qui gémit gémit et disparaît. Les marches sont des pavés, les pavés des estrades et les rues des aiguilles, des talons qu'on déboite

ciel noir
la mer

Passant je te ferai et valser et venir et rêver et t'accroître.

Anne Savelli (photo A.Savelli)

J'ai rencontré Anne Savelli par son livre "Fenêtres/Open space", sorti en 2007, puis je n'ai pas cessé de la lire. En 2011, elle a passé une année ici, à Montreuil, en résidence, ça tombait bien, je suis venue l'écouter. Si vous connaissez ses textes vous saurez que l'écouter a un sens, et Anne est aussi une vraie lectrice. Elle est maintenant en résidence à Saint-Brieuc, et vient écrire chez moi un oloé de bretagne, quelle coïncidence ! Merci Anne, j'aime beaucoup ce texte, je l'accueille avec joie.

/elle, ici
et là ses blogs "Fenêtres/Open space", et "Dans la ville haute"


/ mon texte là-bas

Tiers Livre et Scriptopolis sont à l'initiative d'un projet de vases communicants : le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d'un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… "Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.".

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